La POINTE DE LA TABLE fait partie du JARDIN VOLCANIQUE de St.PHILIPPE créé à la suite de l'éruption hors-Enclos de mars 1986. Situé au sud du Grand Brulé (Enclos), cette zone est totalement recouverte par des formations de la phase III de la fournaise (-60 000 à -5 000 ans) et partiellement par des coulées de la phase IV (-5 000 ans - Actuel). La dernière coulée dans cette partie sud hors-Enclos remonte à l'an 1800.

DEROULEMENT DE L'ERUPTION DE MARS 1986

Elle s'est déroulée en quatre principaux épisodes entre les 19 et 30 mars 1986. Annoncée par une crise sismique sommitale quelques heures avant, elle débute le 19 au matin par l'émission d'une coulée de 300m situé au pied du Nez Coupé du Tremblet, dans l'Enclos. Ce premier épisode ne dure que 24 heures.

Le 20 mars s'ouvre alors, hors de l'Enclos, une fissure de 600m de long sur le flanc sud-est à l'altitude 1050m juste au-dessus du Pition Takamaka. Suite à des fontaines de lave de 300m de haut, vont se développer deux coulées empruntant les ravines Citrons-Galet et Takamaka jusqu'à la RN2 qu'elles couperont dans l'après-midi.

Un plan ORSEC VOLCAN est mis en place, qui sera levé le 1er avril. Cinq cents personnes sont évacuées. La coulée nord atteindra la mer dans la nuit, celle de Takamaka se stabilisant 300m en aval de la route

Le 23 au matin s'ouvrent (jusqu'à 80cm de largeur) des fissures longues de 800m coupant la RN 2 à hauteur de l'Ilet aux Palmistes. Puis la lave sort dans l'apprès-midi entre la nationale et l'Océan.

De plus en plus fluide, le magma, détruisant des plantations de vanille, atteint la mer le 24 en deux coulées donnant lieu à des cascades de lave spectaculaires. L'alimentation de celles-ci se fera une semaine durant, jusqu'à former une plate-forme de 25 hectares gagnés sur la mer.

Enfin, le 30 mars, un cratère - puits de 100m de profondeur et de diamètre se forme par effondrement dans le Dolomieu, suivi d'une petite coulée cascadant jusqu'au fond du puits.

NOTA : le 13 juillet se produira une petite coulée de lave résiduelle qu fond de ce cratère.

MARS 1986 ; POURQUOI ?

Du fait de son installation sur les pentes Est du Piton des Neiges, la Fournaise présente une morphologie dissymétrique suivant son axe ouest-est (ouverture de la caldéra de l'Enclos à l'est, Gtandes Pentes, etc...) Ainsi son flanc est a-t-il tendance à "glisser" vers la mer, donnant naissance à une zone de faiblesse où l'ouverture de fissures sous la poussée du magma est facilitée, privilégiant les points de sortie. L'emplacement des coulées hors-Enclos depuis 1774 en est la démonstration (voir carte). À ce trait structural majeur s'ajoute la présence d'une chambre magmatique - réservoir interne au volcan - située entre 1 et 3 km sous le sommet. C'est à partir de ce réservoir, dans lequel le magma s'accumule et séjourne, que se fait l'alimentation d'une grande partie des éruptions. Dans cette chambre magmatique se forment les gros cristaux visibles dans les laves, notament l'Olivine (Péridot de couleur verte). Sa qualité relative au sein des roches, de même que sa composition, donnent des indications sur la provenance du magma. Toutes les laves émises du 19 au 30 mars sont des basaltes à olivine.

Le rôle des gaz confirme ce lien cogénétique. En effet, alors que la fissure de Takamaka montrait un dégazage intense (fontaines de laves de 300 m de hauteur), celle de la Pointe de la Table laissait calmement échapper un magma identique mais totalement dégazé, à une température proche de 1200°C. Ceci indique une communication souterraine par le biais des fissures d'alimentation appellées dykes. Le volume total des laves de mars est estimé à 15 Mm3 (millions de mètres cubes) dont 5 Mm3 pour la Pointe de la Table. La coulée du 30 mars n'est, elle, qu'un résidus de laves de janvier 86 mis à jour par l'effondrement du cratère-puits.