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2017-07-14 Bivouac
au Fort de la Marguerie, proche du col de Tende
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Un premier projet de place forte barrant la route entre Cuneo
et la haute
vallée de la Roya fut présenté dans le plan de défense général de l'Italie en 1871
(cette région était italienne jusqu'en 1947). Il répondait à un besoin stratégique
engendré par la cession à la France en 1860 de la quasi-totalité du comté de Nice,
reportant la frontière à la limite des communes de Tende (Tenda) et de La
Brigue (Briga Martima). Ce premier projet, tirant parti de la ligne de crête
reliant les plus hauts sommets de la chaîne alpine est-ouest située en léger retrait
de la frontière, comportait alors 2 lignes de défense : le barrage de Tende,
établi sur le col de Tende et aux abords, sur la ligne de crête alpine formant ligne
de partage des eaux, et le camp retranché de Borgo San Dalmazzo, entre
Cuneo et le col de Tende.
Le camp retranché du col de Tende tel qu'il a été réalisé 10 ans plus tard,
après l'accession au pouvoir du président du conseil italien Francesco Crispi,
hostile à la France et favorable à l'alliance avec l'Allemagne, correspond donc
sensiblement à une version réduite de ce premier projet. Il comporte 2 lignes de
défense est-ouest. L'ouverture, prévue et réalisée en 1882, du tunnel routier du
col de Tende, rendait d'autant plus impératif la mise en place d'un dispositif de
contrôle militaire et de barrage de la frontière. La ligne de chemin de fer projetée
depuis 1879 entre Cuneo et la mer par la vallée de la Roya n'est en revanche
qu'amorcée et l'arrivée de la ligne à Vievola ne sera effectuée qu'en octobre
1900.
À la fin des années 1870, face à l'évolution rapide de l'artillerie, on assistait
à la remise en cause des fortifications en pierre. Le comité du Génie italien
envisagea alors le renforcement des casemates des forts des Alpes alors en
construction par le blindage. Cependant, le modèle du fort de barrage aux murs
d'enveloppe hauts, non défilés par son fossé, resta encore à l'honneur et sera encore
choisi en 1881 pour le camp retranché de Tende.
Le projet initial du camp de Tende est connu par un atlas de plans ; il
comportait en tout 14 ouvrages individualisés. 4 des ouvrages prévus n'ont pas été
réalisés et parmi les 10 restant, deux ont été supprimés ou détruits par des
aménagements postérieurs. Le premier marché fut adjugé le 7 mai 1881 et la
mise en chantier des 5 derniers ouvrages n'a probablement pas commencé avant le
printemps 1884.
Entre septembre 1892 et 1893, les différents ouvrages furent reliés par des lignes
téléphoniques et télégraphiques.
Les ouvrages furent désarmés durant la première guerre mondiale pour utiliser
les pièces d'artilleries sur le front autrichien.
Description : L'ensemble des 10 ouvrages appelés "forts",
correspondent à
des batteries d'appui et de protection, disposées en rideau de part et d'autre du
fort de barrage central (celui de Colle Alto) ; ce sont :
- Barracamente Centrale,
- Fort Taborda (Tabourde),
- retranchement de Beccorosso (Bec Roux),
- retranchement de Pepino (Pepin),
- batterie de défense dite Fort Pepino,
- Fort Margheria (de la Marguerie),
- Fort Pernante,
- retranchement de Salauta,
- batterie de Giaura (Giaure),
- batterie de Barsenzana.
Elles étaient équipées de pièces de moyen calibre. Elles furent
conçues avec des
caractères communs : les locaux de casernements était en principe concentrés sur le
front de gorge ; plusieurs fronts de fusillade assuraient la défense rapprochée.
Un fossé à sec de contrescarpe revêtue régnait sur au moins trois côtés. La porte
était invariablement équipée d'un pont d'accès avec pont-levis à bascule ; les
magasins à poudre étaient enterrés. Suite à une évolution de la conception de ces
ouvrages au début des années 1880, les cinq batteries sont équipées de galeries de
contrescarpe à feux de revers logées dans deux angles opposés, de préférence à la
formule plus traditionnelle de la caponnière saillant sur l'escarpe qui n'est
représentée qu'à Giaura et Pepino.
culture.gouv.fr.
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Mathieu dans le camion
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Tende_001
Le Christophe des cavernes
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Le bivouac au Fort de la Marguerie
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Le col de Tende depuis le Fort de la Marguerie
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Fort Central depuis le Fort de la Marguerie
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Le bivouac au Fort de la Marguerie
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Le col de Tende depuis le Fort de la Marguerie
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Le bivouac du soir au Fort de la Marguerie
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Le bivouac du soir au Fort de la Marguerie
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Le bivouac du soir au Fort de la Marguerie
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Le bivouac du soir au Fort de la Marguerie
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Le bivouac au petit matin (Fort de la Marguerie)
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Fort de la Marguerie
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Le bivouac au petit matin (Fort de la Marguerie)
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Petit déjeuner
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Mathieu
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Mathieu
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Maman passe la tondeuse
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Tende_018
Maman passe la tondeuse
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Le fort de Margheria est le plus important des 5 ouvrages
d'appoint du
fort central de Colle Alto (environ 100 m de pofondeur dans l'axe nord-sud,
fossé compris) ; il est également le plus complexe et le plus dissymétrique.
L'armement comporte 8 sections d'artillerie, 11 canons de calibre 12, complétés
par 2 mortier de calibre 15.
Les matériaux de construction sont de provenance locale, gros moellons ou
cailloux de granite, calcaire et schiste destinés à être enduits ; les sols
des corridors sont des calades ; emploi de brique en encadrement des baies.
Etabli à flanc de pente, à 1849 m d'altitude, en contrebas de la ligne de
crête, il est situé sur une excroissance rocheuse très irrégulière aménagée
artificiellement au moyen d'importants travaux de terrassement : 4 fronts
rectilignes qui se retournent presque à angle droit, avec fossé, dont 3
fronts d'attaque constitués d'un rempart avec revêtement d'escarpe bas en
glacis, parapet en terre et terre-plein destiné à porter les pièces
d'artillerie. Le front de gorge au nord, au milieu duquel est ménagée la porte
d'entrée, est le seul à présenter un bâtiment de casernement à deux étages de
casemates voûtées, avec façade percée d'une fenêtre par travée ; couronnement
par un parapet d'infanterie percé de créneaux de fusillade. Le front oriental
a également une seconde façade extérieure de casemates, à l'étage inférieur.
Le rempart sud a un mur de terrassement soutenant la crête de son parapet vers
l'intérieur ; le rempart ouest est plus élevé que le précédent. La plate-forme
ou cour intérieure règne au niveau de la banquette de terre qui recouvre les
voûtes de l'étage unique de l'aile orientale de casemates. La distribution des
ailes de casemates est et sud, du magasin à poudre enterré dans le rempart
ouest et de la fausse-braie est assurée par une courette intérieure encaissée.
La porte du fort au front nord est décentrée et précédée d'un pont à arche
unique dormante. Chaussée d'accès à la cour sous passage voûté en berceau
segmentaire coudée vers la droite, avec branche secondaire voûtée d'arêtes
partant à gauche ; elle passe sur une citerne de 150 m3 alimentée par un
aqueduc et donne accès au couloir en demi-berceau des casemates (en berceau
au niveau inférieur). Les casemates sont toutes voûtées en berceau segmentaire
d'axe nord-sud. Celles de gauche correspondaient à la cuisine et aux chambres
des officiers et des sous-officiers et celles de droite aux dortoirs pour 220
hommes de garnison. Les casemates du front oriental sur la fausse-braie
constituaient une série de magasins et la cuisine de troupe. L'aile de casemates
sud était affectée aux magasins d'artillerie et du Génie. L'extrados des voûtes
de toutes les structures maçonnées est revêtu d'une banquette de terre de 2,50 m
d'épaisseur. Sur la pente au sud-est du fort, est construit en matériaux
traditionnels un très petit ouvrage détaché de plan semi-circulaire, à deux
niveaux et adossé à une saillie rocheuse. Il peut être identifié à une tourelle
d'artillerie du début du 19e siècle. Au revers de la contrescarpe sud est
aménagée une étroite tranchée défensive pour desservir un poste d'observation
et de tir à ciel ouvert, probablement un aménagement des années 1930.
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Fort de la Marguerie (Geoportail) ↑N.
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Fort de la Marguerie
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Fort de la Marguerie
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Fort de la Marguerie
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Fort de la Marguerie
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Fort de la Marguerie
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Fort de la Marguerie
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Fort de la Marguerie
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Entrée du Fort de la Marguerie
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Fort de la Marguerie
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En route ...
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En route ...
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Mathieu joue de la musique
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Route du col de Tende
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Tende_032
En route ...
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Le casernement Central, placé sur le site du col
de Tende sous la
protection du Fort Central en léger contrebas, est le principal lieu de
cantonnement de la garnison et du commandement du camp retranché. Le
chantier ne commença qu'après celui du fort, en 1883 et dura environ
1 an. Dès le premier quart du 20e siècle, ce casernement a subi plusieurs
remaniements que révèle la lecture architecturale du site (pas d'archives
disponibles) : surhaussement des murs gouttereaux pour modifier la forme du
toit, percement de fenêtres à la place de créneaux, adjonction de cheminées
dans une partie des casernes, construction de l'étage du corps de garde sud
et d'un nouveau local de latrines. Tout cela a dû être fait aux environs de
1904, en même temps que la construction d'un garage près de l'entrée du
fort.
Description : Casernement monumental, qui outre
sa fonction principale,
abrite aussi des fonctions centralisées pour l'ensemble du fort : écuries,
boulangerie, abattoir, hôpital militaire, colombier militaire, central
téléphonique et télégraphique, bureaux de l'administration. Il n'est pas
aménagé pour abriter des positions de tir ou pour résister à l'artillerie,
mais il n'en est pas moins un ouvrage fortifié pouvant assurer sa propre
défense rapprochée, d'où le qualificatif de "casernement défensif".
Le plan général de ce complexe de casernes se caractérise par une absence
totale de régularité, à cause de la topographie des lieux ; il s'organise
selon un grand axe nord-sud en 2 longs bâtiments parallèles d'un seul tenant,
mais brisés par deux à trois ruptures d'axe, car ils suivent la ligne
d'escarpement en demi-lune du site. Les deux bâtiments sont divisés
intérieurement en travées régulières de chambres séparées par des murs de
refend ; elles sont doubles en profondeur avec un corridor longitudinal de
distribution.
La cour ouvre à ses deux extrémités par un portail charretier inclus dans un
mur de clôture qui relie les deux bâtiments entre eux. Cinq de ses angles
(4 saillants, 1 rentrant) ont été renforcés de petits organes de flanquement,
apparentés à des caponnières et parfois semi-circulaires.
Les corps de garde sont situés à droite des 2 entrées.
Les écuries (pour 40 chevaux) sont situées
dans le premier corps gauche au sud. Ensuite se trouve un corps de caserne
puis le siège du commandement. Le rez-de-chaussée était affecté aux magasins
d'artillerie et à ceux du génie, d'une cuisine pour la troupe et d'un
abattoir, le premier sous-sol aux magasins de vivres et le second au
bûcher.
Le premier corps de caserne sud à droite se distingue par son élévation à 2
étages sur ses trois premières travées ; au rez-de-chaussée : prison,
infirmerie, réfectoire des officiers, au premier étage les logements des
sous-officiers et officiers, et le colombier militaire au deuxième étage
remplacé ensuite par le central téléphonique et télégraphique. Le corps
de caserne suivant, à un étage, est plus simple : 9 travées en double
profondeur avec des portes arcades percées en enfilade dans les murs de
refend : il abritait au rez-de-chaussée des magasins d'artillerie et au
premier l'hôpital militaire. Par son élévation à 1 étage et sa fonction
polyvalente (travées d'escalier et latrines collectives), l'organe suivant
s'apparente plus à une tour de latrines défensive de conception
néo-médiévale (forme extérieure symétrique à front convexe et angles
arrondis) qu'à une simple caponnière. Le corps de caserne suivant est le
plus ruiné de l'ensemble. Trois travées abritent la boulangerie et le
fournil, les autres servant de magasins de vivres. L'étage était affecté aux
chambrées (pour 50 hommes).
culture.gouv.fr.
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Casernement central (culture.gouv.fr) prise du nord.
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Casernement central (Geoportail) ↑N.
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Tende_033
Casernement central
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Le mulet
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Fort central
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Fort de la Marguerie depuis Fort central
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Col de Tende
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Le fort de Colle Alto ou fort central correspond
au type du
fort de barrage de camp retranché défini en Italie dans les années 1870-1875 ;
il est le dernier construit en Italie dans sa catégorie, en 1881. Le
chantier, commencé en mai 1881 et achevé pour l'essentiel en 1883 perdura pour
certains postes jusqu'en 1885. Vers 1900 fut construit vis-à-vis de la porte
la station supérieure d'une ligne téléphérique, longue de 3,2 km reliant ce
site à celui des magasins de la Panice, situés 700 m en contrebas sur le versant
nord de la montagne. Il avait pour vocation de faciliter l'approvisionnement du
fort et des casernes, inaccessibles par la route en hiver. Le fort a été désarmé
durant la première guerre mondiale et le téléphérique a cessé d'être entretenu.
L'état sanitaire général du fort est moyen, mais aucune partie ne menace vraiment
ruine ; en revanche, le téléphérique a commencé a disparaître après la seconde
guerre mondiale.
Description : Le fort central est le centre
et la pièce maîtresse
du groupe d'ouvrages constituant le camp retranché ou barrage de Tende ;
il contrôle directement la route et le col de Tende. Il est construit à 1926 m
d'altitude à l'est du col dont il est distant d'environ 600 m. Les matériaux de
construction sont de provenance locale, qu'il s'agisse des parements courants en
blocage de gros moellons (granit, calcaire, schiste) destinés a être enduits ou
des pierres de taille (bandeaux-larmiers, dalles de pavement, d'escaliers,
encadrements des baies). Les sols de circulation dans les magasins, les corridors
ou entre les bandes dallées des chaussées de roulage sont constitués d'une calade
de moellons ou de cailloux, souvent recouverte après coup d'une chape de ciment.
Dans l'état actuel des lieux, la quasi-totalité des aménagements de second oeuvre
ou de mobilier (menuiseries, huisseries, planchers, grilles et garde-corps en fer
forgé) ont été systématiquement pillés et n'existent plus.
Le fort est conçu à la base comme un trapèze équilatéral : le front de gorge (nord)
est parallèle au front d'attaque (sud), plus court, et les longs fronts latéraux
convergent symétriquement du premier vers le second. Cette symétrie d'intention est
pourtant rompue par le large pan coupé qui rogne l'angle sud-ouest, compromis dû à
des impératifs de couverture des tirs à longue portée.
Un fossé à fond parfaitement horizontal environne le fort sur trois côtés. Au
sud-ouest et au sud-est se trouvent deux angles arrondis.
Aux deux angles (nord) sont aménagés deux ouvrages de flanquement saillants, de conception
intermédiaire entre une caponnière et une tour basse : ils sont les seuls organes du
fort disposant d'un niveau actif en fond de fosse en plus du rez-de-chaussée.
À l'intérieur du fort se trouve la caserne longitudinale, moins haute que celle des
bâtiments d'enveloppe et légèrement décentrée ; c'est sur cette structure que donne la
porte d'entrée du fort, précédée d'un pont à arche unique. Les escarpes sont aveugles
car elles ne renferment que des citernes et des silos, pas des casemates. Au-dessus
se trouve le bandeau-larmier qui court en continu sur toutes les façades extérieures,
puis les larges baies des cannonières, régulièrement disposées, puis au premier étage,
trois baies en meurtrière à encadrement de brique.
Les casemates des bâtiments d'enveloppe sont voûtées en berceau d'axe transversal et
le rez-de-chaussée de la caserne est conçu comme une enfilade de voûtes en arc-de-cloître.
Presque toutes les casemates du rez-de-chaussée communiquent entre elles par des portes
percées en enfilade.
culture.gouv.fr.
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Fort central, vue semi zénithale, prise du sud-ouest (culture.gouv.fr).
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Fort central
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Fort central
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Entrée du Fort central
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Fort central
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Fort central
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Fort central
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Fort central
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Fort central
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Forts de la frontière italienne
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Fort central
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Tende_048
Frontière italienne
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album photo généré par album un script par Dave on Fri Apr 13 12:19:25 2018
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