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L'histoire monumentale de l'église Saint-Honorat n'a pas encore été
tout à fait élucidée. L'église romane réutilise dans sa crypte une
abside antérieure dont la date est incertaine. Le mur latéral
nord de la nef renferme un portail plus ancien en pierre de taille
qui conserve quelques traces de peintures du XIIe siècle.
Interprété jadis comme le portail d'une première chapelle orientée
nord-sud,
cette porte paraît certes antérieure à l'église actuelle, mais elle
se trouve située dans l'alignement d'un mur gouttereau encore plus
ancien, qui atteste l'existence d'une église préromane sur le même
emplacement. Ce mur et son homologue au sud renferme la partie
occidentale de la nef romane, incomplète, que l'on avait commencé à
aménager dans l'enveloppe plus ancienne, vers le second tiers du
XIIe siècle.
Une étude d'élévation et un sondage ont mis en lumière l'évolution
particulièrement complexe et sans doute longue de l'édifice : à un
premier état appartiennent des murs en petit appareil de moellons
dont les fenêtres en plein cintre, une porte au nord-ouest et les
angles ont été réalisées avec des pierres taillées de toute évidence
dans les cuves de sarcophage réemployées. La façade de cette première
nef se trouvait déjà sur l'emplacement de la façade du
XIIe siècle. Dans un second temps, postérieur sans doute
à la reprise de l'église par les moines de Saint-Victor, en
1040-1044, l'église fut prolongée vers l'ouest, et surélevée en la
décorant de nouvelles fenêtres au sud. De cette seconde construction,
il ne subsiste pour l’essentiel que le mur sud, où on lit encore
l'arrachement du mur de façade.
Au second quart du XIIe siècle, on décida de reconstruire
l'église tout en conservant les murs de la première nef. L'édifice
entièrement en pierres de taille, reçut un chevet à trois absides
dont la courte travée de choeur s'ouvre sur un transept. La crypte
sous la vaste abside principale surélevée contenait les reliques de
saint Genest, d'Honorat et d'autres saints évêques des premiers temps
chrétiens. Elle n'était à l’origine accessible que par deux longs
couloirs latéraux. La croisée est couverte d'une coupole sur trompes
que surmonte un beau clocher octogonal dont les deux étages sont
agrémentés d'un décor d'inspiration antique. Au XVIe
siècle, le transept fut modifié par la construction d'épais massifs
cylindriques destinés à consolider les piliers romans, et par le
dédoublement des ses arcades.
La nef, à trois vaisseaux couverts de voûtes en berceau qui naissent
à la même hauteur, ne put être achevée. Seule la dernière des cinq
travées prévues et le mur sud de la quatrième furent réalisées, avec
l'amorce de certains piliers et de la façade occidentale, dotée d'un
beau portail dans le style roman de la fin du XIIe siècle.
L'édifice, dont la construction fut abandonnée -d'après les textes-
au début du XIIIe siècle, accueillait par la suite des
enfeux (niches funéraires dans les murs, destinées à recevoir des
tombes). Du XVe au XVIIe siècles, datent les
nombreuses chapelles funéraires, aujourd'hui en partie détruites,
qui vinrent se greffer autour de la vénérable église.
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