Historique
Au Xe siècle, Eudes 1er, comte de Blois, implante une forteresse pour protéger Blois des attaques incessantes de Foulques Nerra, comte d'Anjou. Le chevalier normand Gelduin reçoit Chaumont et fait consolider la forteresse.
Sa petite nièce, Denise de Fougères, ayant épousé Sulpice d'Amboise, le château passe dans la famille d'Amboise pour cinq siècles.
Louis XI fait brûler et rase Chaumont en 1465 pour punir Pierre d'Amboise de s'être révolté contre le pouvoir royal lors de la "ligue du bien public". Peu après, ses terres lui sont restituées. Celui-ci puis son fils et sont petit-fils reconstruisent le château de 1468 à 1510.
La Reine Catherine de Médicis achète Chaumont en 1550 et contraint Diane de Poitiers à l'accepter en échange contre le château de Chenonceau, à la mort du roi Henri II.
En 1750, Jacques Donatien Leray, futur intendant des Invalides, achète Chaumont. Il réussit à préserver le château à la révolution.
1810, Madame de Staël y séjourne, reçue par le fils de Jacques Donatien Leray, dit Leray L'Américain, qui vend le château en 1823.
Au XIXe siècle, le château appartient successivement au comte d'Aramont, au vicomte Joseph Walsh puis, à partir de mars 1875, à Marie-Charlotte Constance Say, héritière des raffineries et sucreries Say, qui épouse quelques mois plus tard, le prince Henri-Amédée de Broglie.
En 1938, le château est cédé à l'État par la princesse ruinée. Depuis février 2007, le domaine de Chaumont appartient à la Région Centre.

Les écuries
Les écuries furent construites en 1877 par Paul-Ernest Sanson, architecte du prince et de la princesse de Broglie.
Elles comportent une grande cour (021) entourée des écuries principales et une seconde, plus petite, dite cour des invités (030).
De gauche à droite, en entrant, on visitera les salles des demi-sang, (023) les boxes des pur-sang, la cuisine (025) pour préparer la nourriture des chevaux et des poneys, la sellerie (027) avec de nombreux harnais réalisés par la célèbre maison Hermès, les remises à voitures hippomobiles (035).
Dans l'angle nord, au premier étage, subsiste l'ancien four (042) de la poterie ou de la verrerie installée par Jacques Donatien Leray - pierres de fondation remontées de part et d'autre de l'entrée - . La base de ce four a été transformée par Sanson en manège.
Suit l'écurie des poneys (045), réservée aux enfants des Broglie. Les écuries furent dotées dès la fin du XIXe siècle d'eau courante pompée dans la Loire, et au début du XXe siècle, de l'électricité fournie par l'usine créée par le prince.

Architecture
Après la destruction de la forteresse d'Eudes 1er en 1465, Pierre d'Amboise puis Charles 1er D'Amboise entreprennent la reconstruction du château de 1468 à 1481 en édifiant l'aile nord (aujourd'hui disparue), l'aile ouest, la grosse tour d'Amboise et la première travée contiguë de l'aile sud dans un style gothique et défensif caractéristique du XVe siècle, avec chemin de ronde, mâchicoulis.
De 1498 à 1510, Charles II de Chaumont-Amboise, aidé de son oncle le cardinal George d'Amboise (légat du Pape, premier ministre du Roi Louis XII), poursuit la reconstruction dans un style déjà marqué par la Renaissance tout en conservant la même allure générale fortifiée : aile sud, châtelet d'entrée, aile est et chapelle, grand escalier sur cour. L'introduction de motifs décoratifs italianisants sur le châtelet d'entrée et sur l'escalier d'honneur est particulièrement précoce.
Peu après 1560, Diane de Poitiers édifie le chemin de ronde à mâchicoulis du châtelet d'entrée et de l'aile orientale, restés inachevés en 1510, en y apposant ses chiffres et emblèmes (D entrelacés, arcs et carquois, cor de chasse, deltas et croissant de lune).
Au milieu du XVIIIe siècle, la destruction de l'aile nord ouvre la cour vers la vallée de la Loire. Le château perd alors son allure de forteresse pour devenir une demeure d'agrément.
Au XIXe siècle, le compte d'Aramon effectue d'importantes restaurations de 1833 à 1847, poursuivies par le vicomte Walsh puis par les Broglie, après mars 1875. Le couple de Broglie fait appel à l'architecte Paul-Ernest Sanson qui construit d'importantes et luxueuses écuries, restaure le château et restitue de nombreux éléments de décors extérieurs et intérieurs dans l'esprit néo-Renaissance.

Les appartements privés
Après avoir franchi le pont-levis, le châtelet d'entrée et les salles d'accueil de l'aile est, on arrive dans la cour, jadis fermée, surmontant la Loire. On découvre alors l'aspect de demeure d'agrément de cet ancien château fort.

On accède par la suite au rez-de-chaussée de l'aile ouest, dont les appartements ont été aménagés par la famille de Broglie à la fin du XIXe siècle.
Le grand salon présente un décor créé par le vicomte Walsh dans le style Louis XII (cheminée polychrome avec la représentation du porc-épic).
Les restaurations menées au début de l'année 2007 ont permis de retisser, d'après les cartons de la fin du XIXe siècle, la brocatelle jaune à grands motifs floraux, telle qu'elle était à l'époque de la famille de Broglie.

La salle de billard présente deux tapisseries flamandes de la fin du XVIe siècle illustrant deux épisodes de la vie d'Hannibal (général carthaginois), ainsi qu'un ensemble de mobilier (billard, banquette, fauteuils, chaises) de la fin du XIXe siècle provenant du château de la Donneterie en Touraine, et acquis en vente aux enchères, en 1997.

La bibliothèque renferme trois tapisseries d'Aubusson du XVIIe siècle évoquant trois épisodes de la vie d'Alexandre, ainsi qu'un buffet flamand de la fin du XVIe siècle.
La salle à manger fut aménagée par l'architecte des Broglie, Paul-Ernest Sanson. Outre un buffet-dressoir de la fin XIXe siècle, le mobilier se compose d'un coffre du XVIe siècle et d'une tapisserie de la fin du XVIe siècle illustrant le "Jugement de Paris".

Quittant les pièces de réception des Broglie, on accède à l'escalier d'honneur et aux appartements historiques recréés par les Broglie dans le styles gothique et Renaissance.

Les appartements historiques
Cet escalier à vis traduit l'assimilation progressive du style italien par les artistes français autour de 1500 : les motifs gothiques trilobés font place à des feuillages Renaissance, et des coquilles apparaissent au cour de la montée.

La salle des gardes au-dessus du pont-levis, présente un exceptionnel coffre-fort constitué de 20 pênes, et pesant plus de 250 kilos, ainsi qu'une tapisserie de la fin du XVIIe siècle évoquant un épisode de la vie de Cimon (général athénien).

La chambre dite de Diane de Poitiers, située dans une tour du châtelet d'entrée, présente une curieuse chaire seigneuriale du XVe siècle, évoquant à travers trois paliers différents, la position des différents membres du clergé dans une cathédrale ou une église.
La salle du conseil possède un carrelage majolique de Valence du XVIIe siècle, acheté par les Broglie et provenant du palais Collutio de Palerme en Sicile. Les restaurations du monument entreprises durant la fin de l'année 2006 ont permis de mettre au jour dans cette pièce, un décor que l'on croyait jusqu'à aujourd'hui disparu (peinture bleue sur laquelle figure notamment la fleur de lys d'or) et daté de l'époque du vicomte Walsh.

La chambre dite de Catherine de Médicis renferme une collection de médaillons en terre cuite, réalisés par Jean-Baptiste Nini qui vécut à Chaumont de 1722 à sa mort, en 1786. On peut remarquer aussi le portrait en pied de Catherine de Médicis, ainsi qu'une tapisserie de tournai de la fin du XVe siècle illustrant la légende de Pégase, le cheval ailé de la mythologie grecque.

La chapelle fut construite et dotée d'un décor sculpté flamboyant au début du XVIe siècle, et restaurée en 1884-1886. Les vitraux, d'après Jean-Paul Laurens, relatent l'histoire de Chaumont, depuis ses origines jusqu'à la famille Broglie.

La chambre dite Ruggieri est ainsi nommée à cause du signe figurant sur le manteau de la cheminée, interprété à tort comme un signe cabalistique. Il s'agit en fait du monogramme de Diane de Poitiers. La légende veut que Ruggieri, astrologue attitré de Catherine de Médicis ait pu utiliser le sommet de la tour pour examiner les étoiles.
Une tapisserie de Bruges du XVIIe siècle illustre un épisode de la vie de Pompée.